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samedi 7 septembre 2024

14.10 - MON AVIS SUR LE FILM THE GUILTY DE GUSTAV MOHLER (2018)


 Vu The Guilty de Gustav Mohler (2018) avec Jacob Cedergren Jessica Dinage Omar Shargawi Jakob Ulrich Lohmann Simon Bennejberg Johan Olsen

Asger Holm, répartiteur d'appels d'urgence au 112, répond à un appel d'une femme qu'on est en train de kidnapper, mais la communication s'interrompt soudainement. Avec son seul téléphone, il tente de résoudre l'affaire. Il s’ensuivra une course contre la montre et Asger Holm finira par découvrir qu’il s’agit d’un crime plus grave qu’il ne l’avait pensé.

The Guilty de Gustav Möller est un thriller captivant, minimaliste mais puissamment efficace, qui repose entièrement sur un postulat simple et audacieux : l’action se déroule presque exclusivement dans une station de police, où un officier de service prend des appels d'urgence. Le film suit Asger Holm, un policier rétrogradé au standard d'une ligne d'urgence, dont la routine est brusquement bouleversée par un appel qui semble indiquer un enlèvement. Ce thriller psychologique plonge le spectateur dans une tension palpable de bout en bout, principalement grâce à l'utilisation intelligente du son et de la narration auditive.

Le film est un exercice de style brillant. La majeure partie de l'action ne se déroule pas devant nos yeux, mais dans notre esprit. Les événements extérieurs sont évoqués uniquement par des appels téléphoniques, ce qui nous force à imaginer les scènes, à combler les vides avec notre propre imagination. Möller fait preuve d'une maîtrise impressionnante du rythme et de la tension, en resserrant l'intrigue autour d'Asger et de ses interactions téléphoniques, sans jamais montrer ce qui se passe réellement sur le terrain. Le spectateur est donc dans la même position que le personnage principal : prisonnier du standard, impuissant face aux événements extérieurs, mais désespérément impliqué.

Jakob Cedergren livre une performance exceptionnelle dans le rôle d'Asger, un homme en proie à ses propres démons, cherchant la rédemption à travers cette affaire qui devient rapidement une obsession. Ce personnage complexe, qui semble d'abord uniquement motivé par son devoir de policier, révèle progressivement des couches de culpabilité, d'échec personnel et de frustration. Le film tire sa force de cette introspection progressive, où la tension criminelle se mêle aux conflits internes du protagoniste.

Le véritable protagoniste de The Guilty, cependant, est le son. Les bruits ambiants, les respirations, les bribes de conversation et les effets sonores se combinent pour créer une atmosphère oppressante. Chaque coup de téléphone, chaque silence entre les appels contribue à la montée de la tension. L'audio devient l'outil principal pour manipuler l'émotion du spectateur, le menant sur des pistes faussement rassurantes ou au contraire, dans des moments d'intense panique.

La notion d’espace est également fascinante. Le fait que le spectateur ne quitte jamais cette salle de contrôle contribue à l'immersion et à la claustrophobie ressentie par le personnage. Cela crée une dynamique unique : toute l’action se passe en dehors du cadre visuel, mais l’empathie est constamment sollicitée par ce que nous entendons et imaginons. L'intrigue nous pousse à visualiser chaque détail de l'enlèvement supposé, à créer mentalement une scène de crime avec des informations incomplètes, à la manière d'un puzzle que nous assemblons sans jamais avoir toutes les pièces.

The Guilty joue habilement avec les attentes du spectateur. À mesure que l'histoire progresse, les retournements de situation révèlent que rien n'est aussi simple qu'il n'y paraît. Le film exploite avec intelligence les perceptions et les préjugés que l'on peut avoir sur les victimes et les criminels, et en fait un point central de son discours moral. La question de la culpabilité est au cœur du film, non seulement en ce qui concerne le crime central, mais aussi en ce qui concerne les actions passées d'Asger, qui viennent le hanter.

En 90 minutes, The Guilty réussit à maintenir une tension presque insoutenable, grâce à une mise en scène ultra-maîtrisée et à une économie de moyens. Ce thriller psychologique est une démonstration magistrale de la puissance du cinéma, capable de captiver et de bouleverser avec des outils aussi simples que des voix, des bruits et un acteur confiné dans une seule pièce.

NOTE : 14.10

FICHE TECHNIQUE

Réalisation : Gustav Möller

Scénario : Gustav Möller et Emil Nygaard Albertsen

Photographie : Jasper Spanning

Montage : Carla Luffe Heintzelmann

Musique : Carl Coleman et Caspar Hesselager

Sociétés de production : Nordisk Film Production, Det Danske Filminstitut et New Danish Screen

Sociétés de distribution : Nordisk Film Distribution Drapeau du Danemark Danemark - Ascot Elite Entertainment Group Drapeau de la Suisse Suisse - Magnolia Pictures Drapeau des États-Unis États-Unis

Pays d'origine : Drapeau du Danemark Danemark

DISTRIBUTION

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