Vu le film Scène de la Vie Conjugale de Ingmar Bergman (1973) avec Liv Ullmann Bibi Anderson Erland Josephson Jon Malmsjo Gunnel Lindblom Anita Wall Barbro Hiort af Ornäs Wenche Foss
Chronique de la vie d'un couple en six chapitres,
s'étendant sur une période de vingt ans. Malgré leurs disputes incessantes, ils
semblent voués à vivre ensemble.
- Innocence
et panique
- L'Art
de cacher la poussière sous les meubles
- Paula
- La
Vallée des larmes
- Les
Analphabètes
- En
pleine nuit dans une maison obscure quelque part sur terre
Scènes de la Vie Conjugale est une œuvre profondément intime, caractéristique du style de Bergman,
qui plonge au cœur des relations humaines avec une précision psychologique
bouleversante. Pour un premier film du réalisateur, il est certain que c'est
une expérience intense. Adapté de la mini-série suédoise en six épisodes, ce
film de près de trois heures est un véritable marathon émotionnel, une autopsie
du mariage entre Marianne (Liv Ullmann) et Johan (Erland Josephson), qui se
trouve au bord de la rupture.
La mise en scène est minimaliste, presque
austère. Bergman se concentre sur l'essentiel : les dialogues. Ce n'est pas un
film d'action ou de grands gestes dramatiques ; c'est un film de mots et de
silences. La caméra, souvent immobile ou avec des mouvements lents, capte
chaque nuance des visages des personnages, explorant leurs émotions avec une
intensité brute. Tout se joue dans les conversations – d'abord légères, presque
banales, puis de plus en plus cruelles et douloureuses – révélant
progressivement l'effondrement intérieur de ce couple qui n'a jamais réellement
pris le temps de s'interroger sur son amour.
Le couple formé par Marianne et Johan est mis en
lumière par leur relation miroir avec Katarina et Peter, dont la crise
conjugale agit comme un catalyseur. Ces personnages secondaires amplifient
l'angoisse de Marianne et Johan, car ils sont la preuve que l'amour, ou du
moins l'apparence d'une relation stable, peut s'effondrer d'un coup. Ce que
Bergman montre avec une intensité bouleversante, c'est que ces couples ne se
sont jamais véritablement confrontés à eux-mêmes ou à leurs désirs profonds.
Liv Ullmann est absolument magnifique dans le
rôle de Marianne. Elle incarne avec une justesse troublante cette femme qui, au
début du film, semble si douce et réservée, mais qui révèle peu à peu une force
intérieure, une colère, et une souffrance longtemps refoulée. Quant à Erland
Josephson, il offre une performance tout aussi complexe, celle d'un homme qui
oscille entre l'indifférence, la lâcheté et la peur de la solitude. Leur jeu
est magnifiquement équilibré, dans des scènes qui reposent essentiellement sur
leur interaction, où chaque mot et chaque silence sont lourds de sens. À cela
s'ajoute la prestation de Bibi Andersson, qui malgré un rôle plus réduit,
marque également le spectateur par son intensité.
Le film, dans sa forme longue, peut paraître
éprouvant. Le format original de mini-série en six épisodes rend peut-être
l'œuvre plus accessible, offrant des pauses pour digérer l'intensité
émotionnelle. Bergman n'adoucit jamais son propos : c'est un film sur la
souffrance et l'illusion de l'amour, où la seule lumière semble être la
possibilité de continuer à vivre, même après l'échec d'une relation. La beauté
de Scènes de la Vie Conjugale réside dans sa capacité à capturer cette
vérité brute : les relations humaines sont complexes, changeantes, et souvent
douloureuses.
NOTE : 13.20
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Ingmar Bergman
- Scénario : Ingmar Bergman
- Photographie : Sven Nykvist
- Montage : Siv Lundgren
- Production : Lars-Owe Carlberg pour Cinematograph AB
- Tourné à Stockholm et à Fårö du au
- Pays d'origine : Suède
- Liv Ullmann (VF : Anouk Ferjac) : Marianne
- Erland Josephson (VF : Marc Cassot) : Johan
- Bibi Andersson (VF : Nadine Alari) : Katarina
- Jan Malmsjö (VF : William Sabatier) : Peter
- Gunnel Lindblom : Eva
- Anita Wall (VF : Michèle Bardollet) : Madame Palm
- Barbro Hiort af Ornäs : Madame Jacobi
- Rossana Mariano (sv) et Lena Bergman : les enfants Eva et Karin
- Wenche Foss : La mère
- Bertil Norström : Arne
- Ingmar Bergman (VF : Jacques Balutin) : la voix off de Stefan, le photographe de presse
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