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dimanche 15 septembre 2024

12.80 - MON AVIS SUR LE FILM DOGVILLE DE LARS VON TRIER (2003)


 Vu le film Dogville de Lars Von Trier (2003) avec Nicole Kidman James Caan Lauren Bacall Stellan Skarsgård Harriett Anderson Paul Bettany Jean Marc Barr Blair Brown Patricia Clarkson Jeremie Davis Ben Gazzara Philip Baker Gall Željko Ivanek John Hurt Chloée Sevigny Siobhan Fallon Hogan Udo Kier John Hurt

Dogville est un petit bourg américain d'une vingtaine d'habitants, dont quinze adultes, située dans les montagnes Rocheuses avec comme voie d'accès une unique route. Le film débute par un prologue dans lequel les habitants sont présentés comme des gens chaleureux dont les petits défauts sont faciles à pardonner.

La minuscule bourgade est présentée du point de vue de Tom (Paul Bettany), un écrivain en herbe qui tergiverse en essayant de réunir ses concitoyens à des réunions périodiques. Il est évident que Tom veut succéder à son père en tant que guide moral et spirituel de la ville.

Dogville (2003) de Lars von Trier est un film qui déroute et divise, mais qui ne laisse personne indifférent. Situé dans une petite ville américaine fictive, l’histoire se déroule dans un décor minimaliste qui s’apparente presque à une pièce de théâtre filmée, avec des lignes tracées à la craie pour délimiter les maisons et les rues, donnant l’impression que le film se joue sur une scène nue. Ce choix audacieux de mise en scène renforce l’idée que l’essentiel de Dogville ne réside pas dans l’esthétique, mais dans les dynamiques sociales et les tensions humaines qui animent le récit.

Le film suit Grace (incarnée par Nicole Kidman), une jeune femme en fuite qui cherche refuge dans la petite communauté isolée de Dogville. Elle se trouve vite confrontée à l’hypocrisie, l’oppression et la cruauté des habitants qui, sous couvert de bienveillance, abusent d’elle de manière progressive et brutale. Ce crescendo d’exploitation culminant dans le viol et la servitude fait écho à des thématiques sombres et universelles : l’abus de pouvoir, la soumission et la vengeance.

Ce qui rend Dogville particulièrement troublant, c’est la façon dont von Trier explore la nature humaine dans toute sa complexité et sa laideur. Les chapitres du film, qui fragmentent la narration en neuf parties, apportent une structure quasi-littéraire, presque froide, à un récit qui devient de plus en plus oppressant. Les spectateurs sont entraînés dans une spirale où l'injustice devient intolérable, ce qui contribue à un sentiment de malaise croissant tout au long du film.

Lars von Trier est un cinéaste controversé, connu pour ses déclarations polémiques et son comportement souvent déroutant. Cependant, son style provocateur se retrouve pleinement dans Dogville. Il évite les conventions cinématographiques traditionnelles, se servant de l’absence de décor comme d’une manière de révéler la brutalité de la situation humaine sans les distractions du superflu. Cette épuration visuelle rappelle le "Dogme 95", un mouvement dont il est cofondateur, et qui prône un cinéma dépouillé d’artifices.

Nicole Kidman, dans le rôle principal, livre une performance magistrale, tout en retenue et en douleur, symbolisant l’innocence sacrifiée et la femme en quête de justice. Sa présence lumineuse contraste violemment avec la noirceur des événements qu’elle endure. Le casting secondaire, notamment Paul Bettany, Stellan Skarsgård et Lauren Bacall, est tout aussi impressionnant, chaque personnage reflétant un aspect de l’oppression collective.

Il est difficile de ne pas envisager ce film sous le prisme des mouvements sociaux actuels, tels que #MeToo. Les abus subis par Grace, et la complicité passive de la communauté, résonnent avec les récits d’oppression et de silence forcé qui ont été révélés ces dernières années. Bien que Dogville ait été réalisé bien avant la montée de ce mouvement, il met en lumière des dynamiques de pouvoir et de soumission qui restent tristement d’actualité.

NOTE : 12.80

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