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mardi 24 septembre 2024

12.50 - MON AVIS SUR LE FILM RENDEZ-VOUS AVEC POL POT DE RITHY PANH (2024)

 


Vu le film Rendez-vous avec Pol Pot de Rithy Panh (2024) avec Grégoire Colin Irène Jacob Cyril Guei Bun-Hok Lim Leng Thirith Sovann Nhoeb Paov Pitu Siden In Sophourn Has Rithy Panh  (Pol Pot)

L'histoire vraie dont est tiré le film est celle de la visite au Cambodge (cas unique) en décembre 1978, peu avant la Guerre entre le Cambodge et le Viêt Nam de deux journalistes américains, Elizabeth Becker (en) (1947-) et Richard Dudman (en) (1918-2017) et d'un Britannique marxiste, Malcolm Caldwell (en) (1931-1978), proche du régime des Khmers rouges. Ils ont un entretien avec Pol Pot le 22 décembre 1978, trois jours avant le déclenchement de l'offensive du Viêt Nam. Au cours de la nuit suivante, dans leur hôtel, Malcolm Caldwell est exécuté par des Khmers rouges. Elizabeth Becker est un moment menacé par un milicien, mais s'échappe, ainsi que Richard Dudman.

Le film met en scène deux journalistes français, Lise Delbo et Paul Thomas (photojournaliste) ainsi qu'un sympathisant du régime, Alain Cariou, ami de Pol Pot. Ils subissent pourtant une très longue attente dans un village, au cours de laquelle un certain nombre de bizarreries leur apparaissent, que Paul Thomas voudrait élucider tandis qu'Alain Cariou s'efforce de les minimiser. Le photographe s'enfuit, découvre des traces de répression, est rattrapé, puis disparait mystérieusement. L'entretien avec Pol Pot, but du voyage, a lieu (dans un bâtiment haut de gamme de Phnom Penh). Alain Cariou est exécuté peu après. Lise Delbo se retrouve à la fin entourée de miliciens sur le tarmac d'un aérodrome perdu dans la brousse, où on lui demande d'identifier le corps d'Alain Cariou amené dans un cercueil.

"Rendez-vous avec Pol Pot" est un film d’une grande froideur, qui contraste radicalement avec des œuvres plus accessibles et spectaculaires comme Rambo. Ici, la violence n'est pas spectaculaire mais insidieuse, silencieuse, dépeinte à travers l’attente de trois personnages, chacun à sa manière piégée par l’engrenage d’un régime impitoyable. Parmi eux, Colin, un sympathisant du régime, fait l'expérience d'une prise de conscience terrifiante en découvrant peu à peu la réalité effroyable des camps khmers rouges.

Le film se fonde sur des faits réels, ce qui renforce la dimension didactique du récit, presque clinique, tant dans la façon de présenter les personnages que dans la reconstitution des événements. La mise en scène, froide et sans concession, nous plonge dans l'angoisse et l'absence totale d'humanité qui caractérisent ce régime. On suit les protagonistes, accablés par l'attente, entre la peur, l'ignorance et la résignation, jusqu’à ce moment fatidique où Colin et les autres se confrontent à la véritable horreur de la situation.

Loin de proposer un spectacle d'action ou d'héroïsme, le film nous fait sentir l'oppression constante, la déshumanisation systématique, sans pathos ni embellissement. Cette lente immersion, presque détachée, est précisément ce qui finit par captiver. On ne s'attache pas aux personnages au sens traditionnel du terme, mais l'ambiance suffocante finit par envoûter le spectateur, qui se laisse petit à petit subjuguer par cette histoire où l'horreur ne provient pas des scènes violentes mais du vide moral absolu qui habite le régime et ses sbires.

Cette œuvre, glaçante et implacable, ne laisse pas de place à l’espoir. Elle nous montre un monde où la vie humaine est dénuée de valeur, où tout est fait pour anéantir l’individu. En ce sens, elle rappelle que la véritable terreur n'est pas dans l'acte violent en soi, mais dans le système qui le normalise.

NOTE : 12.50

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

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