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dimanche 25 août 2024

13.10 - MON AVIS SUR LE FILM MORT D'UN POURRI GEORGES LAUTNER (1977)


Vu le film Mort d’un Pourri de Georges Lautner (1977) avec Alain Delon Michel Aumont Jean Bouise Mireille Darc Ornella Muti Klaus Kinski Stéphane Audran Maurice Ronet Jean Bouise Daniel Ceccaldi Julien Guiomar François Chaumette Henri Virlojeux Philippe Castelli Gérard Herold Xavier Depraz

Le député Philippe Dubaye réveille son ami Xavier « Xav » Maréchal, et lui apprend qu'il vient de tuer Serrano, son collègue à l’Assemblée nationale. Ce dernier lui demandait de démissionner, sinon il révélerait à la presse la corruption de Philippe Dubaye. Il avait comme preuve un cahier où il notait tous les actes de corruption d'un certain nombre de personnalités politiques. Philippe Dubaye, après avoir tué Serrano, s’empare du cahier pour le dissimuler.

Xavier Maréchal, à la demande de son ami Dubaye, récupère le dossier et le cache dans une consigne de la gare RER du quartier d'affaires de La Défense. Il fait la connaissance de Valérie Agostinelli, ancienne maîtresse de Philippe Dubaye. Ce dernier est ensuite assassiné.

Scénario de Michel Audiard et Claude Sautet d’après le roman de Raf Vallet

Mort d'un Pourri, réalisé par Georges Lautner et produit par Alain Delon, est un polar qui s’inscrit dans la grande tradition du cinéma français des années 1970. Adapté du roman de Raf Vallet et scénarisé par les maîtres Michel Audiard et Claude Sautet, le film s’attaque à la corruption et aux magouilles politiques, nous plongeant dans un univers où la ligne entre les bons et les méchants s'efface subtilement.

L’intrigue nous entraîne dans les arcanes de la politique française, où l’on navigue entre justice et trahison, dans un cadre où les jeux de pouvoir sont omniprésents. Mort d'un Pourri montre avec habileté la façon dont le milieu politique est gangrené par la corruption, les coups bas, et les compromissions, dessinant un portrait sombre mais réaliste de l’époque. Cette exploration des rouages du pouvoir, bien que cynique, est terriblement efficace et toujours d’actualité. Le film joue aussi sur les ambivalences morales : les frontières entre le bien et le mal deviennent floues, les personnages évoluent dans un environnement où les loyautés sont fragiles et l'intérêt personnel prime souvent sur la justice.

Alain Delon, également producteur, incarne le personnage principal avec son charisme habituel. Il brille dans ce rôle de justicier solitaire et ambigu, un homme pris dans un tourbillon de manipulations et de violence, cherchant à démêler une toile complexe tout en naviguant dans un monde corrompu. Delon, au sommet de son art, porte littéralement le film sur ses épaules, avec cette froideur calculatrice et ce magnétisme animal qui le caractérisent. Il est entouré de fidèles du cinéma français, des seconds rôles qui, loin de rester dans l’ombre, donnent une profondeur supplémentaire au récit. Le film est une véritable galerie de talents : Michel Aumont, Maurice Ronet et Jean Bouise, parmi d’autres, incarnent à merveille des personnages souvent complexes, des figures marquées par le doute, la trahison, et l’opportunisme.

Le scénario, signé Michel Audiard, apporte cette touche de dialogues percutants, parfois cinglants, avec cet art du mot bien placé et de la formule assassine qui fait toute la saveur des polars français de cette époque. Audiard excelle à capturer l'essence de ce milieu cynique avec son ironie mordante. Claude Sautet, quant à lui, ajoute sa maîtrise dans la description des rapports humains, rendant les interactions entre les personnages crédibles et parfois poignantes. Ce mélange de suspense, de critique sociale et de dialogues brillants fait de Mort d'un Pourri un polar non seulement captivant, mais aussi profondément ancré dans la réalité sociale et politique des années 70.

Les femmes du film, interprétées par Stéphane Audran, Mireille Darc et Ornella Muti, servent d'éléments de contraste dans ce monde masculin et brutal. Si leur présence est principalement là pour sublimer le regard de Delon, elles apportent tout de même une touche de glamour et de sensibilité à cette œuvre sombre. Ces actrices contribuent à la dimension esthétique du film, tout en se retrouvant souvent reléguées à des rôles de soutien plutôt qu'à des personnages véritablement complexes, ce qui est peut-être une faiblesse narrative, mais aussi le reflet d'une époque où le cinéma était centré sur ses grandes figures masculines.

Visuellement, Georges Lautner maîtrise parfaitement l’ambiance froide et austère des polars français. La mise en scène est sobre mais efficace, privilégiant la tension narrative à l’esthétisme tape-à-l’œil. Le rythme du film, bien que parfois un peu lent, permet de s'immerger dans l'atmosphère oppressante et décadente de ce monde corrompu. La musique, composée par Philippe Sarde, accompagne parfaitement cette plongée dans les eaux troubles du pouvoir.

NOTE : 13.10

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

Non crédités

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