« Les gens bien portants sont des malades qui
s'ignorent ». C'est armé de cette citation attribuée à Claude Bernard que
le docteur Knock débarque dans le bourg de Saint-Maurice pour succéder au
docteur Parpalaid dont il a acheté la clientèle. Or il se rend compte en
arrivant que le docteur Parpalaid l'a quelque peu roulé, la clientèle est
quasiment inexistante, les gens du pays étant des durs au mal doublés de
ladres. Malgré tout, Knock attire les clients en offrant, le lundi matin, jour
de marché, une consultation gratuite. Les habitants du canton vont se ruer sur
cette consultation parce qu'elle est gratuite ; mais une fois dans le
cabinet du savant docteur, celui-ci les rend malades en les manipulant. Avec la
complicité du pharmacien (qui flaire les futures bonnes affaires) et de
l'instituteur (bien involontaire), Knock fait entrer la médecine dans tous les
foyers. Parpalaid, qui s'ennuie à Lyon où il n'a pas plus de clients, revient à
Saint-Maurice pour toucher ce que lui doit Knock. Mais il trouve l'hôtel de la
Clé complet, rempli de malades de passage. A mots à peine voilés, il traite
Knock de charlatan, mais ce dernier finit par le persuader qu'il est malade et
le film s'achève sur le confrère de Knock mis au lit pour suivre un traitement.
Il s'agit de
la première adaptation cinématographique de Knock avec Louis Jouvet,
rôle qu'il avait créé sur scène en 1923. Il en tournera une seconde sous
la direction de Guy Lefranc en 1951.
Le film "Knock" réalisé par Guy Lefranc et
adapté de la pièce éponyme de Jules Romains est une véritable pépite du cinéma
français. Porté par un casting de talent avec un très grand acteur comme Louis
Jouvet dans le rôle principal, le film offre des dialogues mythiques imprégnés
d'un langage théâtral particulier qui captive le spectateur dès les premières
minutes.
L'interprétation magistrale de Louis Jouvet apporte
une profondeur et une intensité indéniable au personnage de Knock, médecin
arrivant dans un petit village et semant le trouble par ses discours en
apparence anodins mais chargés de sens cachés. Ses saillies verbales,
empreintes de subtilité et d'ironie, laissent le public pantois et en
admiration devant tant de finesse dans l'interprétation.
Le film réussit brillamment à transposer l'atmosphère
de la pièce de théâtre sur grand écran, grâce à une mise en scène soignée et
des décors authentiques. L'humour subtil et les répliques ciselées offrent une
dimension comique et satirique à l'ensemble, tout en soulevant des questions
plus profondes sur la nature humaine et la manipulation.
La richesse des
dialogues, l'interprétation magistrale des acteurs et la mise en scène élégante
font de "Knock" un film incontournable du cinéma français, qui a su
traverser les époques et continuer à séduire les spectateurs par son
intelligence et son humour intemporel. Une véritable œuvre d'art
cinématographique à découvrir ou redécouvrir sans modération.
NOTE : 13.40
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Roger Goupillières et Louis Jouvet
- Scénario : Georges Neveux d'après la pièce homonyme de Jules Romains
- Dialogues : Jules Romains
- Décors : Lucien Aguettand
- Photographie : Fédote Bourgasoff, René Colas
- Montage : Jean Feyte
- Musique : Jean Wiéner
- Affiche : Jean-Adrien Mercier
- Production : Georges Marret
- Société de production : Les Productions Georges Marret
- Société de distribution : Les Films Armor
- Louis Jouvet : le docteur Knock
- Pierre Palau : le docteur Parpalaid
- Madeleine Ozeray : Mariette
- Pierre Larquey : le Tambour de ville
- Iza Reyner : la Dame en noir
- Thérèse Dorny : la Dame en en violet
- Germaine Albert : Mme Parpalaid
- Marguerite Ducouret : Mme Rémy
- Robert Le Vigan : M. Mousquet, le pharmacien
- Jane Loury : Mme Mousquet
- Robert Moor : l'Instituteur
- Louis Zellas : M. Raffalens
- Romain Bouquet : Michalon
- Émile Rosen : Joseph
- Géo Sorgès : Scipion
- Jean Delacour : le Portier
- Christiane Jean : une infirmière
- Alexandre Rignault : le premier gars
- Henri Saint-Isles : le second gars
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