Joachim Trier et son Jury de la Semaine de la Critique (Nahuel Perez Biscayart, Chloe Sevigny, Augustin Trapenard et Eva Sangiorgi) ont remis leur Palmarès de cette édition.
Véritable « pop fiction », hommage aux grandes comédies hollywoodiennes d’Howard Hawks, parodie de la société du spectacle, film politique nourri de multiples références littéraires, de l’actualité la plus brûlante, Diamantino a été couronné, mercredi 16 mai, à Cannes, par le « Grand Prix Nespresso ».
Les deux réalisateurs, Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt, tous deux nés en 1984, étaient émus aux larmes en recevant la récompense des mains du président du jury de la Semaine de la critique, le réalisateur Joachim Trier, aux côtés de l’acteur Carloto Cotta, du même âge. Le comédien, égérie du cinéma d’auteur portugais, héros du film Tabou, de Miguel Gomes (2012), incarne dans Diamantino un personnage aussi naïf que généreux : une star déchue du football qui se retrouve malgré lui au centre d’une machination politique et xénophobe, dont les ficelles sont tirées par ses sœurs jumelles maléfiques.
Parallèlement,
Diamantino, dont la ressemblance est frappante avec le joueur Cristiano
Ronaldo, adopte un jeune adolescent réfugié, d’origine africaine, sans se douter qu’il
s’agit d’une policière déguisée en garçon, infiltrée chez lui pour mieux enquêter sur une
potentielle évasion fiscale – la formidable Cleo Tavares.
C’est comme si James Bond avait pris la tangente du cinéma
d’avant-garde, populaire et cultivé, avant de laisser la place
à un agent secret féminin.
Le Grand Prix qui récompense cet ovni cinéphilique est à la
hauteur de l’accueil enthousiaste qu’avait reçu ce premier film au moment de sa
projection cannoise. Diamantino symbolise aussi le signe de la
vitalité du cinéma portugais, en dépit de moyens dérisoires et d’une politique
dite de « soutien au cinéma », qui fait plutôt la part belle aux
productions télévisées.
Autre récompense très attendue, en cette 57e édition
de la Semaine de la critique, le (nouveau) « prix Fondation Louis Roederer
de la révélation » qui vise à mettre en lumière
un ou une interprète. C’est Félix Maritaud, qui incarne un prostitué dans Sauvage,
premier long-métrage de Camille Vidal-Naquet, qui l’a emporté sans grand
suspense, tant la prestation du jeune comédien a été saluée à la fois par la
critique et par les festivaliers.
Héros solaire de ce film très documenté sur la prostitution
de rue, Félix Maritaud – qui avait un rôle secondaire dans 120
battements par minute, de Robin Campillo, Grand Prix à Cannes
en 2017 – est Léo : jeune homme précaire, il survit grâce à la
prostitution et ne semble pas pouvoir en sortir, même quand
l’occasion se présente pour lui d’avoir une vie stable. D’errance en errance,
de passes en plans plus ou moins hasardeux, Léo est surtout en quête d’amour.
Il ne refuse pas d’embrasser les hommes qui le paient. Le film a bouleversé la
Croisette.
Deux autres longs-métrages ont été distingués, sur les sept
films qui étaient sélectionnés. Sir (Monsieur), de
Rohena Gera, a obtenu le « prix Fondation Gan à la diffusion ». Ratna
est domestique chez Ashwin, le fils d’une riche famille de Bombay : deux
mondes et deux êtres vont cohabiter,
s’effleurer…
Par ailleurs, le « prix SACD » (Société des
auteurs et compositeurs dramatiques) a été donné à Woman at War (Kona
fer i strid), de Benedikt Erlingsson, conte écologique à l’humour
décalé.
Le « prix Canal+ du court-métrage » a été reçu par
le film franco-algérien Un jour de mariage (A Wedding Day),
d’Elias Belkeddar et le « prix Découverte Leica Ciné du
court-métrage » par le film grec Hector Malot : The Last Day
of the Year, de Jacqueline Lentzou. Autant de prix qui reflètent la qualité
et la diversité de cette 57e édition de la Semaine de la
critique.
Source : Le Monde.fr
Source : Le Monde.fr
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