"Nous adorions attacher une grosse quille à une ficelle et à la balancer au-dessus de têtes assez imprudentes pour se courber vers l'asphalte. Un jour, notre maîtrise connut son heure de gloire : un balancier irréprochable et tenu d'une main ferme fit sauter la casquette d'un officier SS. Les officiers SS marchaient pourtant la tête haute, mais celui-là avait probablement à cet instant, contempler le brillant de sa botte, avant de l'envoyer écraser quelques petits garçons aux yeux d'ange. Il leva la tête vivement et nous aperçut en train de remonter notre quille précipitamment. Quand il ramassa sa casquette, nous fermâmes la fenêtre et courûmes dans la pièce du fond nous atteler à quelques ouvrages dits "culturels". Il sonna à la porte. Ma tante ouvrit et crut même se dernière heure arrivée".
Le petit Pierre bredouille une "je m'excuse" auquel l'officier allemand répond "On dit excusez-moi'. "Ma tante se rue sur ce conflit linguistique , diversion de la dernière chance. "Tu devrais avoir honte .... il parle mieux que toi l'officier b...." Ca faillit être grave, il nous adresse des remontrances avec un sourire glacé, sur la quille et non plus sur la grammaire s'en fut.
Trente-deux ans plus tard, Pierre Richard se souviendra de cet incident pour un flash-back des Malheurs d'Alfred. Il modifiera légèrement la scène mais en gardera l'esprit (un gamin lance derrière son épaule une pomme pourrie qui atterrit dans un pot de crème, éclaboussant ainsi un officier SS.
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