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jeudi 24 septembre 2015

FOU D'AMOUR de PHILIPPE RAMOS par Critique Chonchon

"Fou d'amour"
1959. Coupable d’un double meurtre, un homme est guillotiné. Au fond du panier qui vient de l’accueillir, la tête du mort raconte : tout allait si bien ! Curé admiré, magnifique amant, son paradis terrestre ne semblait pas avoir de fin.
Le film reprend très librement (c'est donc bien une fiction) l'affaire du curé d'Uruffe, en Lorraine, un fait divers de 1956. Le prêtre Guy Desnoyers, qui avait l'habitude d'entretenir des liaisons avec de nombreuses paroissiennes, a vu sa position menacée par la grossesse de l'une de ses maîtresses, Régine Fays.
J'admire Philippe Ramos (cadreur, monteur, opérateur, décorateur et réalisateur), dont j'ai beaucoup aimé "Jeanne Captive" (2011) et surtout "Capitaine Achab" (2007), film que je considère comme étant aux confins du chef d'oeuvre, avec un Denis Lavant au sommet de son art.
Et là, le charme opère de nouveau, avec un début de film qui emprunte au "Sunset Boulevard" de Billy Wilder, avec des images qu'on penserait venues de chez Bruno Dumont, un panthéisme que ne renierait pas la "Lady Chatterley" de Pascale Ferran...
La forme de narration inattendue et audacieuse qu'a choisie Philippe Ramos fait du spectateur le compagnon du personnage, dont il réprouve les agissements, mais qu'il suit jusqu'au bout, fasciné par une forme de candeur et des comportements qui ne lui enlèvent rien de son humanité.
Avec "Fou d’amour", le cinéaste signe un film très littéraire, dont le ton est à l’image de son héros : comique et dramatique. Melvil Poupaud incarne impeccablement cet homme d’Église un peu païen dans son rapport à la nature filmée comme un écrin, réceptacle de ses amours interdites. Une réussite.
Et quel plaisir de revoir la trop rare Dominique Blanc ! Avec aussi Jacques Bonaffé, Lise Lametrie, Jean-François Stévenin, Diane Rouxel...
"Fou d'amour" est un film brillant, oscillant entre une veine picturale et métaphysique et une autre plus triviale et charnelle. Le mélange de ces genres est curieux, inattendu, mais il fonctionne.
Critique de Fou d'Amour de Philippe Ramos par Critique Chonchon

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